Cherchant une lumière, garde une fumée. (HM)
jeu. 05 mars 2020

I want to believe

croyance   meta   science   langage  

Vous vous souvenez de ces T-shirts X Files avec écrit dessus « I want to believe » ?
Eh bien ce slogan m’a fait méditer quelquefois sur ce qu'est la croyance. Je voyais d'abord une sorte d’incongruité de la formule : want (vouloir) / believe (croire). Comment vouloir croire ? N’est-ce pas antithétique ? Et en même temps quelque chose me disait qu'on en était finalement bien arrivés là, à « vouloir croire » (ou vouloir ne pas croire) — et pas seulement dans le cas des ovnis. Peut-être était-on devenus assez « lucides » pour proclamer une aptitude à une croyance volontaire, une croyance rationnelle ?

Paradoxe du vouloir croire

On nous avait pourtant rabaché, sur nos chaises d’écoliers, que croire relevait de l’acte irrationnel par excellence. Qu'il y avait d’un côté la science (le savoir, les lumières de la raison, etc.) et de l’autre, la croyance, (l’irrationnel, et même, tremblez pauvres gens, les « ténèbres de la croyance », etc.)

Dans de telles conditions, un être normalement (docilement) constitué ne pouvait vouloir croire (sauf pathologie, par exemple une « appétence pour les ténèbres »).

Il me semble que notre époque touche au fond de cette idéologie crypto-scientiste, censée opposer science et croyance.

Nous ne pouvons aujourd'hui que croire (ou ne pas croire), y compris dans les choses rationnelles … Nous ne pouvons que croire, dans les ovnis ou contre eux1, dans ou contre la survie, etc. — de la même manière que dans beaucoup d’autres régions de la science. Voilà où nous en sommes. La « science »2 (la raison, le rationnel, etc.) ne saurait finalement s’opposer à la croyance. Un tel combat est désuet, d’arrière-garde.

Je ne veux pas dire par là que chacune de ces options serait finalement « équivalente », ou qu'il serait indifférent, pour chaque sujet, d’être dans un camp ou dans l’autre.

Je ne dis pas non plus que ces choses seraient condamnées à un éternel balancement — car continue de croire (hum !) dans la positivité de certains brins de science.

Ce qu'il faut chercher, ce n’est pas non plus une quelconque vue de « synthèse », ou même de surplomb, — mais chercher à préciser, dans la confrontation aux camps opposés, comment nous pouvons affiner notre position.

Notes de bas de page:

1

Parenthèse à l’attention de ceux qui ne croient pas encore (!) dans les ovnis : je rappellerai qu'une grande partie de cette croyance peut être motivée par l’accumulation de données physiques (traces radar), et d’un nombre considérable de récits d’observations faits par des gens qui ne confondent pas un poulet et un mouton (armée, aviation civile).

2

Je ne reviens pas ici sur l’irrationnalité de la croyance dans la science, comme si la science existait comme un bloc, unifié, autonome, etc.